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DIX RAISONS DE FAIRE UNE ÉGLISE DE MAISON





L’évangéliste anglican David Watson a fait remarquer que « Pendant les deux premiers siècles, l’église s’est assemblée en petits groupes dans les maisons de ses membres, en plus des rassemblements spéciaux dans les grands lieux publics ou dans les marchés, où les gens pouvaient s’assembler en plus grand nombre. Ces deux siècles représentent l’avancée la plus puissante et la plus marquée de l’église qui n’a peut-être jamais été égalée par la suite. L’absence de bâtiments d’église n’était pas un obstacle à l’expansion rapide de l’église; en comparaison avec la situation en 200 apr. J.-C., cela semble plutôt avoir eu un effet positif. » (1)

Il est évident dans le Nouveau Testament que l’église du premier siècle s’assemblait généralement dans les maisons (Ac 2:46, Rm 16:3, 5, 1 Co 16:19, Col 4:15, Phm 12). Il y a eu une expansion massive de l’église universelle lorsqu’ils s’assemblaient régulièrement et localement en petites communautés. Le Saint-Esprit oeuvrait de façon incroyable dans ces petites communautés de l’église du premier siècle et aussi par elles. Ces petites communautés étaient comme de la dynamite dans leur localité. Chaque membre semblait actif dans le corps de Christ lorsqu’ils se réunissaient dans leurs maisons privées. Le Royaume de Dieu s’est répandu puissamment à l’aide de tout le peuple de Dieu.

Devrions-nous nous réunir dans des maisons simplement parce que l’église du premier siècle faisait ainsi ? Est-ce mal de se réunir dans un bâtiment ? Certainement pas ! L’église du premier siècle n’avait pas de véhicules pour se déplacer rapidement, de séminaires avec système de sonorisation, de guitares, de téléphones, d’ordinateurs, etc. Cela veut-il dire qu’on ne devrait pas les utiliser ? On ne se réunit pas dans des maisons dans une perspective simpliste, simplement parce l’église du premier siècle a fait cela. Il y a plusieurs bonnes raisons de comprendre pourquoi se réunir dans des maisons est un bon choix qui nous aide particulièrement à fonctionner de façon biblique. Nous parlerons des dix raisons pour lesquelles se réunir dans les maisons est une stratégie efficace pour avoir une église en santé.


UN MINISTÈRE VISANT « LES UNS LES AUTRES »


Il y a quelque temps, j’ai reçu un article au sujet de la croissance de l’église intitulé « Transformer les visiteurs en membres ». Je me suis demandé à quel endroit dans la Sainte Bible on parlait « d’aller à l’église ». Selon les Saintes Écritures, l’église est constituée de croyants actifs qui participent réellement à l’édification du corps de Christ. D’un point de vue biblique, on a grandement besoin de messages qui s’articuleraient ainsi « Transformer les spectateurs en participants ». L’église, ce n’est pas d’assister passivement à des services formels; ce n’est pas un programme, mais des gens. Ce n’est pas d’aller à un service mais de servir les autres. Il s’agit d’une communion intime avec les autres. Il s’agit de s’encourager activement les uns les autres. Il s’agit de dépendre les uns des autres pour l’édification de tous. Il est regrettable qu’en raison de la structure et de l’ordre de l’église d’aujourd’hui, nous négligions souvent le but principal de l’assemblée de l’église — la communion et l’encouragement des uns et des autres (He 10:25).

Robert Banks a écrit « Le but de l’église est la croissance et l’édification de ses membres en Christ et dans une vie de communion à l’aide des ministères donnés pour le service des autres (1 Co 14:12, 19, 26) ».(2) Aujourd’hui, le contraste avec les réunions d’église du Nouveau Testament est frappant et il est regrettable qu’on néglige presque totalement l’importance que chaque membre participe dans le corps de Christ. La théologie de la sacrificature de tous les croyants semble n’exister qu’en théorie. L’église a reculé et est retournée au vieux judaïsme et à la façade catholique romaine qui engendre la passivité qui prévaut actuellement. Il est triste que les bâtiments d’église d’aujourd’hui ressemblent à des temples où les pasteurs dirigent comme des prêtres; le modèle d’église du Nouveau Testament a été mis de côté pour le système du temple de l’Ancien Testament. David Watson fait remarquer avec raison : « Depuis que les symboles de l’Ancien Testament ont été accomplis en Christ et dans Son église, l’église a été constamment tentée de retourner aux institutions que Christ a accomplies et abolies; et elle a largement succombé à ces tentations. » (3)

Il y a aujourd’hui un grand besoin d’une réforme de l’église qui restaurera l’importance et la sacrificature de chaque membre du corps de Christ. On dit que l’église du premier siècle était basée sur la communion des uns et des autres et non sur le service d’un homme au-dessus des autres. Puisqu’il manque la contribution du ministère de chaque membre, l’église est non seulement dans un état passif, mais plusieurs responsables souffrent de stress et d’épuisement. L’église est censée être une équipe, non un auditoire, où tous participent ensemble à sa croissance. Les responsables ne sont pas appelés à faire figure de « grandes vedettes de ministère » mais à encourager chaque membre à participer (Ep 4:11-12). Y a-t-il un homme qui a une fonction prédominante dans l’église du premier siècle? Y a-t-il un équilibre entre l’enseignement et la participation de chaque membre dans les réunions d’église typiques d’aujourd’hui?

De quelle façon les responsables de l’église encouragent-ils chaque membre à participer activement dans le corps de Christ et à témoigner efficacement aux gens? Offre-t-on la possibilité et l’encouragement à chaque membre de participer pendant le rassemblement de l’église? William Barclay écrit au sujet des réunions de l’église du premier siècle : « Un élément particulier du service de l’église du premier siècle est que chacun devait avoir le sentiment d’avoir à la fois la possibilité et l’obligation d’y contribuer. »4 Il semble que nous ne reconnaissions plus la réalité bénie que chaque membre dans le corps de Christ peut être un instrument du Saint-Esprit précieux et puissant. Dans l’église du premier siècle, le ministère appartenait à tout le peuple de Dieu.

Dans son livre très stimulant Rich Christians in an Age of Hunger (Des chrétiens riches à une époque de famine), Ronald J. Sider a fait cette remarque intéressante. Il a dit « L’église du premier siècle a été capable de tenir tête aux valeurs de décadence de la civilisation romaine et c’est précisément parce qu’elle expérimentait la réalité de la communion chrétienne de manière puissante […] La communion chrétienne signifiait d’être disponible sans condition pour les frères et sœurs et d’être responsable les uns des autres au plus haut degré — émotionnellement, financièrement et spirituellement. Quand un membre souffrait, tous souffraient. Quand l’un d’eux se réjouissait, tous se réjouissaient (1 Co 12:26). Quand une personne ou une église avait des problèmes financiers, les autres partageaient sans réserve. Et quand un frère ou une sœur péchait, les autres reprenaient avec douceur cette personne rebelle (Mt 18:15-17; 1 Co 5; 2 Co 2:5-11; Ga 6:1-3). Les frères et sœurs étaient disponibles les uns pour les autres, ils étaient responsables les uns des autres et rendaient compte les uns aux autres. Bien sûr, l’église du premier siècle n’a pas toujours totalement mise en pratique la vision du Nouveau Testament du corps de Christ. Il y a eu de tragiques manquements. Mais le réseau de petites églises-maison réparties dans l’Empire romain a connu son unité en Christ avec une telle intensité qu’ils ont été capables de tenir tête et par la suite conquérir une civilisation païenne puissante. Cependant, une trop grande majorité des églises d’aujourd’hui ne donnent pas la possibilité aux frères et sœurs de s’encourager, de se reprendre et d’exercer la discipline les uns envers les autres. Nous avons désespérément besoin d’une forme et d’une structure nouvelles afin de veiller les uns sur les autres dans l’amour. »5

Nous devons comprendre que la structure et les systèmes existent pour une raison; ils ne sont pas la fin en soi. Il est grandement nécessaire que nous ayons des structures et des systèmes qui contribueront au bon fonctionnement de l’église. S’assembler dans les maisons facilite beaucoup plus la participation, l’interaction, la discussion et le ministère des uns envers les autres. C’est aussi dans un tel cadre que l’enseignement peut être donné sous la forme d’un dialogue plutôt qu’un monologue; il est ainsi plus percutant et efficace.

Pour fonctionner aussi efficacement que l’église du premier siècle fonctionnait, la structure, la taille et le système sont très importants. La structure devrait être informelle, la taille de la communauté se doit d’être petite et le système ou l’ordre doit être flexible. Puisque la participation et le ministère de chaque membre étaient grandement estimés et encouragés dans l’église du premier siècle, la maison est un bon endroit où chacun peut confortablement contribuer et participer à l’édification de tout le corps de Christ.


L’INTIMITÉ ET LA RESPONSABILITÉ

La Parole de Dieu révèle que l’église est la famille de Dieu et que nous sommes les membres de la famille de Dieu (Ep 2:19, 1 Tm 3:15, Ga 6:10). Puisque l’église est une famille, chacun est responsable du bien-être de tous les membres. Paul a écrit « Aussi, lorsqu’un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; et lorsqu’un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. » (1 Co 12:26). Comment pouvons-nous croire que cela soit possible dans l’église si nous ne sommes pas intimes comme dans une famille? Combien de croyants ont faim spirituellement en raison du manque de communion? Bien que l’on s’assemble physiquement, n’y a-t-il pas un manque d’intimité et de responsabilité entre nous ? Marchons-nous vraiment dans l’amour d’une relation intime ? Les premiers croyants étaient si intimes, comme une famille, qu’ils ont été faussement accusés d’être immoraux et incestueux (parce qu’ils s’appelaient les uns les autres frères et sœurs, qu’ils partageaient le repas agape et qu’ils se saluaient d’un saint baiser).

Il est nécessaire d’entretenir une ambiance familiale dans les réunions d’église plutôt qu’une ambiance sobre et formelle. L’église n’est pas un service religieux mais une famille. Les croyants voient-ils l’église comme une famille, ont-ils le sentiment d’appartenir à cette famille ? Règne-t-il une ambiance familiale lorsque nous nous assemblons en tant qu’église ? Réalisons-nous l’importance de mettre l’accent sur les relations interpersonnelles et la communion parmi nous ? Il semble que nous ayons seulement de bons services sans communion sincère. En pratique, comment pouvons-nous encourager une telle communion intime lorsque l’église s’assemble ? Dans un chapitre intitulé Small is Beautiful (La beauté de la petitesse), l’auteur prolifique Robert Banks a écrit « L’église-maison nous permet de connaître, d’aimer et de servir un groupe de gens de taille raisonnable qui viendra à la longue lui aussi à nous connaître, nous aimer et nous servir. Dans un tel groupe, on peut graduellement mettre de côté les masques que nous portons en public et commencer à partager nos faiblesses, nos doutes, nos craintes ainsi que nos forces, nos certitudes et nos habiletés. On parvient ainsi à renverser la situation ironique où l’on est moins ouvert et honnête à l’église qu’on l’est ailleurs. Dans les petits groupes d’église-maison, nous apprenons à donner et à recevoir, à enseigner et à comprendre, à porter les fardeaux des autres et à se faire aider avec les nôtres, à aimer et à être aimé. Dans un tel groupe, on peut devenir plus semblable à Christ et aider les autres à devenir aussi plus semblable à Christ. De cette manière, on développe ensemble une conduite, un caractère et une attitude semblables à Christ. Nous nous attachons à Christ plus intimement et plus fermement. » (6)

Dans une petite communauté, l’intimité et la responsabilité sont possibles et réalistes. Le degré de spiritualité d’une personne devient évident dans les petites communautés, ce qui laisse plus de place à l’encouragement mutuel afin que personne ne s’endurcisse par la séduction du péché (He 3:13). Nous pouvons interagir dans l’intimité, nous connaître les uns les autres, partager les uns les autres, nous exhorter et nous stimuler les uns les autres à l’amour et aux bonnes œuvres (He 10:24-25). Gerald Oliver presse l’église : « Il est temps que tous s’impliquent dans des petits groupes unis par amour qui prient, étudient la Bible, partagent une communion et tiennent chaque membre responsable des 168 heures de chaque semaine. » (7) Le privilège de favoriser l’intimité et de demeurer responsables devant les autres peut très bien être mis en pratique dans ce genre de petites communautés. Nous croyons qu’un endroit informel comme une maison est propice à la mise en pratique des éléments essentiels susmentionnés.


LE REPAS DU SEIGNEUR

Michael Green a souligné que « la communion (c’est-à-dire le Repas du Seigneur) à cette époque était bien plus un repas que ce ne l’est aujourd’hui, ce qui favorisait une communion et une adoration plus informelles. Le repas s’appelait une agape, un repas d’amour, et on l’a plus tard abandonné car on en a fait des abus. » (9) Cependant, Paul n’a pas fait cesser le repas en raison des abus de l’église de Corinthe. Il les a plutôt instruits de la manière appropriée de participer au Repas du Seigneur. (10) Le Repas du Seigneur est une pratique importante de l’église assemblée car elle dirige notre attention sur la relation verticale (le rappel de la mort et de la venue du Seigneur) et sur la relation horizontale (la communion des croyants en tant que famille).

Plus tôt dans ce livre, on a fait remarquer que l’église du premier siècle s’assemblait comme une famille, célébrant le Repas du Seigneur dans un contexte de communion et de repas commun, se rappelant la mort du Seigneur, rappelant au Seigneur Sa venue et se réjouissant de se réunir en tant que corps et famille. Au sujet du Repas du Seigneur, J.I. Packer and Merrill C. Tenney ont écrit dans Illustrated Manners and Customs of the Bible (Les coutumes et les pratiques de la Bible illustrées) que « les premiers chrétiens célébraient le repas symbolique du Repas du Seigneur pour commémorer le Dernier Repas, où Jésus et les disciples ont observé le festin traditionnel de la Pâque juive. Les thèmes des deux événements étaient les mêmes. À Pâque, les Juifs se réjouissaient que Dieu les ait délivrés de leurs ennemis et anticipaient leur avenir comme enfants de Dieu. Au Repas du Seigneur, les chrétiens célébraient comment Christ les a délivrés de leurs péchés et ils exprimaient leur anticipation du jour où Christ allait revenir (1 Co 11:26). Au début, le Repas du Seigneur était un repas complet que les croyants partageaient dans leurs maisons. Chaque invité apportait un plat pour le repas commun. Le repas commençait par une prière en groupe et l’on mangeait des petits morceaux pris d’un seul pain qui représentait le corps de Christ rompu. Le repas se terminait par une autre prière et le partage d’une coupe de vin, qui représentait le sang de Christ versé. »11 Il est difficile de célébrer le Repas du Seigneur comme une famille dans une grande réunion impersonnelle avec une structure formelle. La maison est l’endroit idéal pour célébrer adéquatement le repas du Seigneur.


L’ÉGLISE EN TOUTE SIMPLICITÉ

S’assembler comme église dans une maison est aussi simple que ça en a l’air. On n’a pas besoin de beaucoup d’argent pour implanter ce type d’église. Comme l’église du premier siècle, une simple maison suffit pour la communion de l’église. Aujourd’hui, l’argent est devenu un facteur déterminant pour plusieurs ministères. C’est devenu une préoccupation, un sujet de conversation et une source de conflit importants. Sans de grosses sommes d’argent, il semble qu’il soit devenu impossible de faire l’œuvre du Seigneur. Cependant, lorsque nous examinons l’église du premier siècle, l’argent n’était pas la préoccupation première. Les premiers disciples ont implanté des églises dans des maisons, ils avaient des rassemblements dans les maisons en toute simplicité et se multipliaient en d’autres maisons quand le nombre de gens s’accroissait.

Dans des pays comme l’Inde (où je vis), acheter un terrain et construire un bâtiment n’est pas chose facile. Ici, la plupart des bâtiments d’église sont construits à l’aide de sommes d’argent en provenance de l’étranger. Les non-croyants accusent souvent les ouvriers chrétiens que le ministère chrétien et la conversion sont faits grâce à des investissements étrangers et en vue d’obtenir d’autres investissements. Ces ministères qui dépendent de fonds étrangers sont en danger. Les premières églises étaient généralement des communautés indigènes, mais même lorsqu’il y avait un besoin ils se secouraient et s’entraidaient les uns les autres. Bénie est la nation où la plupart des églises et des ministères sont enracinés dans le concept de l’autosuffisance, de l’autopropagation et de la gouvernance locale.

Pour le ministère d’implantation d’église, il est grandement difficile de planter plusieurs nouvelles églises si on suit le modèle actuel très couteux qui exige de grosses sommes d’argent pour un bâtiment (qu’on utilise que de temps à autre), son entretien et les salaires. Plusieurs croient qu’il n’y a pas d’église sans bâtiment sacré. Il est regrettable de voir à quel point le point de vue du Nouveau Testament pour l’église et le temple est tordu par l’idolâtrie d’un bâtiment comme un endroit sacré pour Dieu et la reprise du rideau du temple de l’Ancien Testament qui a été déchiré grâce à l’œuvre accomplie par Christ à la croix (Mt 27:51). Arthur Wallis a dit « Dans l’Ancien Testament, Dieu avait un sanctuaire pour Son peuple; dans le Nouveau, Dieu a pour sanctuaire son peuple. »12 Par Christ Jésus, nous sommes nous-mêmes le temple de Dieu et l’église de Dieu (1 Co 3:16, Ac 20:28). Prenons en considération les paroles profondes de John Havlik : « L’église n’est jamais un endroit, mais toujours des gens; jamais un enclos, mais toujours un troupeau; jamais un bâtiment sacré, mais toujours une assemblée de croyants. L’église, c’est toi qui pries, et non où tu pries. Une structure de brique ou de marbre ne peut pas être l’église tout comme les vêtements de serge ou de satin ne peuvent être toi. Il n’y a dans ce monde rien de sacré sinon l’homme, aucun sanctuaire de l’homme sinon l’âme.» (13)

Par conséquent, bien qu’il n’y ait rien de mal à avoir un bâtiment spécial, ce n’est pas un critère pour l’assemblée de l’église puisque nous pouvons simplement nous assembler dans des maisons comme l’église du premier siècle. J’ai vu comment les ouvriers chrétiens vont de lieu en lieu pour demander de l’argent pour la construction de bâtiments d’église. Certains demandent même à des non-croyants de faire ce travail. Le nom du Seigneur a subi un grand déshonneur car des prédicateurs ont beaucoup insisté afin qu’on donne de l’argent pour leur ministère. Nous n’accomplirons pas grand-chose pour le Seigneur de cette manière.

Donald McGavran, considéré comme un expert sur la croissance de l’église, a affirmé avec justesse : « Trouver un endroit où s’assembler ne devrait pas représenter un fardeau financier pour une petite congrégation. L’église-maison satisfait tout à fait ces critères. On devrait toujours considérer le modèle d’église-maison, que ce soit pour implanter une église ou pour sa croissance à venir. » (14) Pour planter des églises partout, pour que les villes et les villages soient remplis d’églises, nous avons besoin d’une stratégie simple. S’assembler comme église dans des maisons est une méthode simple et efficace.


DES RESPONSABLES À DEUX VOCATIONS

Par le modèle de l’église du premier siècle, nous apprenons que les bergers ou les évêques de l’église étaient tirés de leur propre communauté (Ac 14:23, 2 Tm 2:2, Tite 1:5). Ils venaient du groupe et avaient œuvré sous la responsabilité de plusieurs responsables dans chaque église. (15) Il y avait deux sortes de responsables dans l’église du premier siècle : les responsables locaux, et les responsables itinérants.16 De nos jours, le ministère est réduit à un travail à temps plein sans emploi séculier. Cependant, lorsqu’on étudie l’église du Nouveau Testament, les responsables locaux étaient généralement des ouvriers ayant deux vocations et les responsables itinérants étaient soutenus financièrement.

Étant les responsables locaux, les pasteurs étaient généralement des ouvriers à deux vocations. Paul, bien qu’il était un ouvrier itinérant, s’est donné lui-même en exemple aux autres en travaillant de ses propres mains (Ac 20:17, 33-35; 1 Th 4:11-12, 2 Th 3:6-12). Bien sûr, il y a des exceptions où certains sont dignes de recevoir l’hospitalité et des offrandes volontaires en raison de leur travail de prédication et d’enseignement (1 Tm 5:17). Si on regarde la situation d’aujourd’hui, est-ce que de donner un sermon pour une heure (ou plus) une fois par semaine le dimanche et à d’autres occasions spéciales ce qu’on appelle œuvrer à la prédication et l’enseignement? Robert Baker, dans A Summary of Christian History (Un résumé de l’histoire chrétienne), a remarqué « Ces responsables travaillaient habituellement pour gagner leur vie et n’étaient pas soutenus par l’église. Aucune distinction artificielle n’était faite entre le clergé et les laïcs. » (17) La International Standard Bible Encyclopedia affirme que « Le ministère de l’église du premier siècle ne recevait aucune rémunération. Le ministère était composé d’hommes ayant une charge, à qui on devait une obéissance ecclésiastique en raison de leur appel et de leur élection, et parce qu’ils étaient mis à part pour cette charge sacrée par la prière et peut-être aussi par l’imposition des mains; mais ils étaient aussi des marchands et des artisans ayant des vocations séculières pour pourvoir à leurs besoins […] Si ces responsables recevaient du soutien, c’était seulement en raison de leur pauvreté et parce qu’ils faisaient parties de la liste des veuves, des orphelins et des démunis. L’introduction de la rémunération du ministre et le fait implicite qu’un ministre payé se doit de donner tout son temps au service de l’église ont accentué la distinction entre le clergé et les laïcs. Lorsqu’on étudie la question, il est évident que le fait que le clergé soit payé complique la situation; car les rôles les plus anciens font état des personnes ayant droit aux fonds de l’église, ce qui voudrait dire que les veuves et les orphelins étaient ordonnés ou faisaient partie du clergé. » (18)

Il n’est donc pas nécessaire que les anciens locaux abandonnent leurs emplois séculiers et qu’ils s’adonnent exclusivement aux affaires de l’église. Cependant, ils sont libres de s’adonner exclusivement au ministère de l’église s’ils sont sincèrement et personnellement guidés par Dieu pour un ministère dépassant les limites de l’église locale. Il est désolant de voir plusieurs ouvriers chrétiens qui souffrent inutilement sur le plan financier en raison de leur point de vue non biblique du ministère de l’église. Un « appel au ministère » est automatiquement compris comme un renoncement au travail séculier. Avons-nous quelque fondement biblique qui soutienne cette croyance bien enracinée ? Alex Rattray Hay a remarqué que Paul « a fortement conseillé aux anciens d’Éphèse de subvenir à leurs besoins (Ac 20:32-35), et que, par la suite, c’est devenu la pratique usuelle. » (19) Bien sûr, certains anciens seront soutenus entièrement par l’église, mais ils sont l’exception et non la règle.

De plus, l’implantation d’églises et la multiplication de l’église deviennent difficiles si tous les pasteurs locaux s’attendent à dépendre entièrement de l’église pour leurs besoins. Généralement, ils doivent plutôt avoir un emploi séculier et diriger une petite communauté de croyants. L’argent n’est pas un problème majeur dans une simple petite communauté dans une maison, puisque les pasteurs peuvent facilement pourvoir à leurs besoins et à la fois diriger l’église. C’est une merveilleuse opportunité pour les pasteurs et les croyants de soutenir les missionnaires itinérants et les évangélistes à l’œuvre, ainsi que les pauvres et les démunis. Nous croyons donc que l’église-maison est une approche sage où les pasteurs peuvent être des ouvriers à deux vocations qui guident efficacement de petites communautés.


LA FACILITÉ D’ACCÈS POUR LES NON-CROYANTS

On m’a déjà demandé « Les gens considèrent que la mosquée est l’endroit sacré des musulmans et le temple l’endroit sacré des Indus. Ne pensez-vous pas qu’il soit important que les chrétiens aient un endroit sacré ? » Le christianisme est unique parce que l’église elle-même, tout le peuple de Dieu, est le temple de Dieu et chaque membre est un sacrificateur de Dieu (1 Co 3:16, 1 P 2:5, 9). En essayant de nous distinguer des autres religions païennes, nous devons être prudents de ne pas perdre notre singularité. Nous ne devrions pas compromettre les perspectives bibliques en voulant contextualiser le message. Frank Senn fait bien remarquer que « les chrétiens des premiers siècles n’avaient pas les moyens publicitaires des cultes païens. Ils n’avaient pas de lieux de pèlerinage, de temples, de statues ou de sacrifices. Ils ne tenaient aucun festival public, danse, représentation musicale ou bien pèlerinage […] En fait, les chrétiens des trois premiers siècles se réunissaient généralement dans des maisons privées qui avaient été aménagées pour les réunions de la communauté chrétienne. Cela démontre que le culte des premiers chrétiens dénué de ritualisme ne devrait pas être considéré comme un signe de primitivisme, mais plutôt un moyen de mettre en valeur le caractère spirituel du culte chrétien. » (20)

Chaque bâtiment religieux est considéré comme un endroit sacré pour son groupe religieux et les non-croyants qui appartiennent à un différent groupe religieux se sentent très inconfortables dans un tel endroit. Un de mes amis, un pasteur, m’a une fois partagé : « J’ai développé une amitié avec plusieurs non-croyants et ils sont très à l’aise de venir chez moi. Mais si je leur dis de venir à un bâtiment spécial, que les gens considèrent être un sanctuaire, ils sont très mal à l’aise de venir. La maison est un bon endroit où les inviter à se joindre à une réunion. » Une maison est un endroit si informel que même les non-croyants se sentent à l’aise d’y venir, voyant comment nous vivons en tant que communauté et que nous nous aimons les uns les autres. N’est-ce pas cet amour qui nous identifie comme disciples de Christ pour le monde, nous donnant ainsi l’opportunité de leur témoigner (Jn 13:35) ?

Donald McGavran a déjà dit « La congrégation devrait se réunir dans les endroits les plus familiers où les non-chrétiens peuvent venir sans gêne et où les convertis dirigent le service. » (21) Nous ne pouvons nous attendre à ce que des non-croyants viennent à un bâtiment religieux, bien que parfois ils y vont. L’église du premier siècle s’assemblait dans des maisons et il y avait des occasions où des non-croyants assistaient à la réunion (1 Co 14:23-24). Les maisons servaient à l’hospitalité et aussi à la réunion de l’église. Michael Green a mentionné : « L’une des méthodes les plus importantes pour répandre l’Évangile […] c’était d’utiliser les maisons. » (22) L’église-maison favorise une ambiance informelle et amicale où les non-croyants se sentent à l’aise dans l’assemblée de l’église et expérimentent l’amour et la communion de Christ Jésus par Ses enfants.


LA PERSÉCUTION

Un jour, j’ai lu dans le journal qu’une église avait été incendiée. Cela ne m’a pas affecté car l’église, le peuple de Dieu, n’a rien subi. C’est le bâtiment où l’église se réunit qui a été incendié. Plusieurs chrétiens et non-croyants croient que le bâtiment est l’église tandis qu’en vérité, c’est le peuple racheté de Christ qui est l’église et le sanctuaire de Dieu. Dans les temps de persécution, les bâtiments d’église, qui sont considérés comme les endroits sacrés des chrétiens, sont souvent les premiers à être pris d’assaut. Il n’est pas prudent pour le peuple de Dieu de se réunir dans un tel endroit lorsque la situation est critique.

La réunion de l’église dans une maison est préférable dans les temps de persécution. Cela ne garantit pas qu’il n’y aura pas de persécution. L’église du premier siècle a souffert de la persécution malgré les réunions maison; il reste qu’il est plus sécuritaire de se réunir dans des maisons pendant les temps de persécution que de se réunir dans des bâtiments prétendument sacrés. Dans plusieurs régions du monde et particulièrement dans les pays du tiers-monde, les croyants se réunissent pour la communion sous la forme d’un réseau d’églises-maison clandestines — de petites communautés qui se rassemblent secrètement dans les salons des croyants. (23)

De plus, il est intéressant de remarquer qu’en période de persécution, que ce soit dans le cas de l’église du premier siècle ou de l’église moderne, les églises-maison se multiplient rapidement. Dieu utilise souvent la persécution pour nous faire fléchir le genou et nous faire avancer. Dans les temps difficiles, c’est souvent là que l’église avance; elle prie et elle grandit. Les églises-maison jouent habituellement un rôle vital lorsque les circonstances sont difficiles. Les églises de Chine et aussi de quelques régions de l’Inde grandissent rapidement sous la forme d’un réseau d’églises-maison. Un journaliste a écrit au sujet du mouvement d’église-maison en Chine qu’ « il est difficile d’estimer exactement le nombre de chrétiens qui adorent et servent dans ces églises-maison. À l’an 2000, un rapport non vérifié affirme qu’il y aurait environ 80 millions de croyants dans le mouvement d’église-maison. Il est évident que l’église-maison a été le véhicule principal du christianisme protestant en Chine. » (24)

La persécution semble se répandre rapidement dans plusieurs pays. Les adversaires tentent d’arrêter l’œuvre chrétienne partout où elle fait des progrès. Il est important de faire l’œuvre du Seigneur sagement dans de telles situations. On a besoin de beaucoup de prière, d’encouragement et de diligence. La communion de l’église est vraiment essentielle pour s’encourager les uns les autres à demeurer fermes dans le Seigneur. Nous croyons donc que de s’assembler en tant qu’église dans les maisons est un modèle efficace à suivre dans les temps de persécution.


LA CROISSANCE ET LA MULTIPLICATION DES ÉGLISES

Je parlais à un homme membre d’une vieille église qui se réunissait à cet endroit depuis plus de cent ans. Je lui ai demandé poliment « Combien d’églises avez-vous implantées ? ». Il a dit « Environ deux je crois. » Et cela, en raison du budget considérable requis pour implanter et construire des églises. Ce n’est pas de cette façon que le Royaume de Dieu se répand rapidement. L’église doit se répandre dans la société. C’est l’église qui est invitée à « aller », et non les autres qui sont invités à « venir ». Pour que l’église se répande dans chaque région du monde, elle doit absolument être bien nourrie et se multiplier.

Comme il a été dit au premier homme et à la première femme « Croissez et multipliez » (Gn 1:28), de même il est commandé à l’église de se multiplier et de faire de toutes les nations des disciples (Mt 28:19-20). Quelle est la façon la plus efficace et laquelle a le plus grand potentiel de favoriser la multiplication de l’église ? Combien de membres de l’église vivent une vie sans fruit en raison d’une croissance insuffisante et d’un manque de motivation ? S’assembler dans les maisons offre un grand potentiel de croissance et de multiplication spirituelles. Si le groupe grandit au-delà de ce qui est une taille normale pour une maison, l’église devra inévitablement se multiplier et se répandre à d’autres endroits. De cette façon, les églises peuvent facilement et rapidement se multiplier dans la ville ou le village.

Howard A. Synder a observé l’efficacité des églises qui se multiplient et a affirmé que « Ce n’est pas seulement la croissance en nombre mais la multiplication des églises locales qui prouve la croissance et la santé d’une église. L’idéal biblique est ni de produire une foule de nouveaux croyants qui vivent indépendamment et séparément les uns des autres, ni d’agrandir les églises locales jusqu’à ce que leur nombre se gonfle à des milliers de membres. Le modèle biblique est de former de nouveaux convertis dans les congrégations locales et de multiplier le nombre des congrégations au fur et à mesure que s’ajoutent de nouveaux convertis. Le ministère de Paul et ceux d’autres évangélistes du Nouveau Testament étaient des ministères de multiplication d’églises. Dans plusieurs villes, le nombre des convertis a rapidement atteint les milliers; et pourtant, aucun bâtiment d’église n’a été construit pendant près de deux cents ans. Une telle croissance en de telles conditions peut seulement s’expliquer par la multiplication de petites congrégations. » (25)

Implanter des églises partout peut se faire efficacement avec un tel modèle, si nous travaillons avec diligence et avec la sagesse et la puissance du Saint-Esprit. L’église qui grandit à un seul endroit est une chose dont on peut se vanter, mais elle manque habituellement d’une communion de qualité, de croissance spirituelle et de motivation à se répandre. Je connais plusieurs membres qui appartiennent à une église grande « en nombre » mais qui n’ont aucune relation personnelle stimulante avec les surveillants et les autres. Est-ce que d’assister à un service du dimanche pendant deux heures fait de quelqu’un un membre du corps de Christ ? Sommes-nous membres de l’église que de nom ? Est-ce pour ce genre d’église que Jésus est mort ? Qu’est-ce que ça veut dire d’être membre du corps de Christ? Avons-nous à cœur de voir le Royaume de Dieu se répandre ou de voir Son Royaume grandir qu’à un seul endroit ?

Les églises qui sont bien nourries et qui se répandent sont celles qui prospèrent facilement en nombre et spirituellement. L’une des raisons principales pour laquelle l’église du premier siècle a prospéré, c’est le fait que des croyants bien nourris spirituellement se sont répandus (Ac 8:1,4, 11:19 et les versets suivants). La multiplication de l’église est plus efficace que l’implantation d’église. Il est important de mettre davantage l’accent sur la multiplication de l’église que sur l’implantation d’église. La multiplication d’église est contagieuse. C’est un peu comme un feu de forêt. Mais comment cela peut-il bien se faire? Wolfgang Simpson a sagement écrit « Dans les églises-maison, les gens sont les ressources, Jésus est le programme, la communion est la raison, la multiplication est le résultat et faire du quartier des disciples est le but. » (26) Ailleurs, il a écrit « L’église revient à une structure ouverte plutôt qu’une structure fermée. Un des buts, c’est que l’Église cesse de tenter d’amener les gens « à l’église » et commence à amener l’Église aux gens. La mission de l’Église ne sera jamais accomplie en ajoutant seulement à la structure en place; il ne faut rien de moins que l’église pousse comme des champignons en se multipliant elle-même à différents endroits du monde, là où Christ est inconnu. » (27) Nous croyons donc que de se réunir dans une maison en petite communauté favorise une croissance spirituelle de qualité et incite l’église à se multiplier.


FAIRE DES DISCIPLES ET LA MULTIPLICATION DES RESPONSABLES


Il y a un important besoin d’une multiplication de responsables bibliques dans les églises d’aujourd’hui. La multiplication des responsables entraîne une croissance explosive du Royaume de Dieu par le moyen de l’église. C’est possible quand les disciples sont bien formés. Jésus n’a pas dit « Allez et ayez de bons services et de bonnes réunions. » Il a dit « Allez et faites des disciples. » (Mt 28:19-20). Faire des disciples, c’est former par une relation personnelle. L’assemblée de l’église est une occasion de former des disciples. L’une des façons les plus efficaces de voir la multiplication des responsables, c’est la formation de disciples.

La croissance des croyants et la multiplication des responsables par le processus de formation de disciples sont des signes de la bonne santé d’une église biblique. Plus les responsables forment l’église, plus l’église se formera elle-même et se répandra dans la société dans la perspective de former des disciples. Il est dommage que dans notre système moderne, la formation de disciples ne soit pas une tâche importante et nécessaire de l’église. On suppose que c’est le travail de centres de formation de disciples ou des collèges bibliques. Dietrich Bonhoeffer a judicieusement affirmé « Le christianisme sans la formation de disciple est toujours un christianisme sans Christ. » (28)

Quand il n’y a pas de formation de disciples, le potentiel de l’église est éteint et on ignore qui ferait un bon responsable, car on ne parvient pas à discerner une telle personne, et elle-même n’est pas motivée de le devenir. N’aurait-on pas des résultats surprenants si un sondage était fait au sujet de la manière dont les disciples dans les églises sont formés, et la manière que les églises forment et envoient des responsables en un an ou du moins en cinq ans ? Le Seigneur Jésus ne nous a-t-il pas dit « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Mt 9:37-38). Est-ce que nous prions, équipons, mobilisons et envoyons des ouvriers dans la moisson ? Quels sont les buts et les stratégies de l’église pour la multiplication des responsables ?

La croissance des petites communautés par la formation de disciples donne souvent comme résultat la croissance de plus de responsables. Bien souvent, les responsables naissent et se développent non par l’enseignement public, mais par la formation de disciples grâce à une relation personnelle. Le mentorat de qualité et la supervision se manifestent beaucoup plus dans de petites assemblées, permettant ainsi d’identifier et de stimuler les responsables potentiels. Grace Wiebe a bien fait remarquer « Les églises-maison peuvent jouer un rôle vital dans le choix, la formation et la multiplication de plusieurs responsables-serviteurs (ainsi, beaucoup moins de responsables s’épuisent). »29 Dans ce genre de contexte informel, il y a un grand potentiel à la multiplication de disciples, ce qui signifie une multiplication de responsables et d’églises. Nous croyons donc que de s’assembler dans une maison est un moyen efficace de former les disciples dans l’église et de choisir, équiper et envoyer plusieurs responsables.


LES PAUVRES, LES DÉMUNIS ET LES MISSIONS

Une lecture attentive des Saintes Écritures révèle que dans l’église du premier siècle, l’argent était en grande partie utilisé pour aider les pauvres et les démunis. (30) Chaque église était autonome et représentait une organisation sociale indépendante. Même au milieu du deuxième siècle, la collecte était premièrement faite afin d’aider les pauvres et les démunis. Selon l’information qu’on trouve dans la Première apologie de Justin Martyr et dans la Didachè, l’historien de l’église Earle E. Cairns mentionne qu’à la fin de la réunion de l’église, « ils faisaient une collecte pour aider les veuves, les orphelins, les malades, les prisonniers et les étrangers. Ensuite, la réunion prenait fin et les gens retournaient chez eux. » (31)

L’église du premier siècle donnait aussi pour les missions. Cependant, plusieurs exhortations données à l’église au sujet des dons concernent les gens dans le besoin. Cet aspect est presque négligé de nos jours. Pourquoi insiste-t-on autant sur l’aide donné aux pauvres et aux démunis qu’aux missions ? Réfléchissons un peu… Que vaut notre prédication de l’Évangile si on néglige de montrer l’amour et la compassion de Christ dans nos œuvres ? Jean a écrit « Or, celui qui aurait des biens de ce monde, et qui, voyant son frère dans le besoin, lui fermerait ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas de paroles ni de la langue, mais en action et en vérité. » (1 Jn 3:17-18).

Mahatma Gandhi a déjà dit « Il y a dans le monde des gens si affamés que Dieu ne peut leur apparaître que sous la forme d’un pain. » (32) L’évangile de Christ rencontre les besoins matériels et spirituels. Dans Sa parabole du Bon Samaritain, Jésus a enseigné qu’« aimer son prochain » signifie « aider les démunis » (Lc 10:25-37). Paul exhorte même les pasteurs à aider les démunis. En fait, c’est à eux que Paul dit « Je vous ai montré en toutes choses, que c’est ainsi qu’en travaillant, il faut secourir les faibles," et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même :" Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Ac 20:17, 28, 34-35).

Quand les croyants ont apporté l’argent récolté par la vente de leur propriété et l’ont déposé aux pieds des apôtres, ils l’ont distribué aux démunis (Ac 4:32-35). Il est intéressant de remarquer que l’église du premier siècle a même vendu ses terres pour aider ceux qui étaient grandement dans le besoin. Les paroles bien connues « Dieu aime celui qui donne avec joie » ont été écrites à l’église de Corinthe dans le contexte de donner aux saints pauvres de l’église (2 Co 9:1, 7).

John MacArthur souligne bien « Le premier but du don, tel qu’enseigné dans le Nouveau Testament, c’est de soutenir les saints, l’église. La première obligation du chrétien est de soutenir les autres croyants, de manière individuelle et collective. La première responsabilité financière de l’église est d’investir pour ses propres besoins et pour son propre peuple (voir aussi 2 Co 8:1-5; 9:12-15; Ph 4:14-16). Évidemment, ce n’est pas la seule obligation financière que nous avons. La parabole du Bon Samaritain démontre clairement que nous devrions œuvrer personnellement et financièrement pour quiconque est dans le besoin, sans égard à la religion, la culture ou les circonstances (Luc 10:25-37). Paul enseigne aussi que nous devrions « faire du bien à tous » (Ga 6:10). Mais dans le même verset il continue et dit « mais surtout à ceux qui sont de la famille de la foi » (voir aussi 1 Jean 3:17). Dans 2 Corinthiens 9:13, les apôtres demandent une contribution généreuse « envers tous ». Soutenir les pauvres et les démunis dans le monde au nom du Seigneur est une œuvre chrétienne hautement prioritaire d’après les normes bibliques.(33) Quel pourcentage de l’argent collecté dans l’église est destiné aux pauvres et aux démunis ? Même dans l’Ancien Testament, une dîme spéciale était collectée une fois aux trois ans pour aider les orphelins, les veuves et les autres sortes de pauvres (Dt 14:28-29). Comment les dîmes sont-elles utilisées aujourd’hui dans les églises ?

On dit que la majeure partie de l’argent est généralement utilisée pour l’entretien et l’administration, et qu’une plus petite partie sert aux missions. Dans plusieurs églises, on ne se s’occupe pas particulièrement d’aider les pauvres et les démunis. Les pauvres et les missions sont-elles une priorité dans le budget des églises traditionnelles ? Quel pourcentage de l’argent collecté dans une église traditionnelle sert à aider les démunis et les missions ? Les auteurs du commentaire biblique Life Application Bible Commentary font cet avertissement en traitant de l’Évangile selon Marc : « Si nos églises dépensent de grosses sommes d’argent pour leurs bâtiments et ignorent les missions, l’évangélisation et l’aide aux pauvres, elles vont pareillement subir le jugement de Dieu. » (34) Puisque de s’assembler dans une maison est un modèle simple (c’est-à-dire que l’argent n’est pas nécessaire pour la construction et l’entretient d’un bâtiment), l’argent peut être utilisé pour aider les pauvres et les démunis, ainsi que pour soutenir les missions.


Mot de la fin

Pour justifier leurs pratiques, plusieurs s’opposent de façon déraisonnable et ignorante à cet enseignement (je l’ai déjà fait), sans faire d’étude ou de recherche approfondie sur la façon que fonctionnait l’église du premier siècle. Il y a tellement de bien à dire de l’église moderne d’aujourd’hui. Pourtant, une réforme est nécessaire afin d’aider le peuple de Dieu à fonctionner plus efficacement et bibliquement. S’assembler dans des maisons n’est pas une solution parfaite où l’on n’éprouve aucun problème. C’est seulement une meilleure approche, plus efficace. J’affirme par-là qu’il y a plus d’avantages et moins de désavantages. Bien sûr, les problèmes qui surviennent en raison de différentes situations, endroits ou cultures doivent être considérés avec prière et sagesse selon la sagesse du Saint-Esprit et le conseil et l’expérience de gens pieux.

De plus, que le lecteur ne fasse pas erreur en croyant que l’église est contrainte à s’assembler dans une maison. Elle peut s’assembler dans un bureau, une salle, une salle de classe, une cabane, une tente, etc., pour autant que la taille de la communauté reste petite pour que chaque membre ait réellement la possibilité de participer. La structure n’est pas aussi importante que le fonctionnement de l’église. Ce chapitre pourrait en fait s’intituler « Dix raisons d’avoir de petites communautés ». Puisque la maison est un endroit informel où les gens peuvent généralement se réunir en petites communautés, je l’ai souvent employé dans ce chapitre. Le peuple de Christ est libre de s’assembler où il se sent à l’aise et quand même fonctionner selon le modèle d’église du Nouveau Testament.

Finalement, n’oublions jamais que n’importe quel modèle d’église est faible et sans vie sans la puissance du Saint-Esprit. L’Esprit de Dieu est la vie de l’église; sans Lui toute église est morte. Cherchons à être revêtus de la puissance d’en haut tout en cherchant à ce que Son règne vienne sur la terre. Que le Seigneur déverse Son Esprit sur Son corps, l’église !

Je termine ce chapitre avec un commentaire digne de considération du commentateur anglican David Prior. Il a écrit « Il est préférable de se préoccuper de la qualité plutôt que de la quantité : un diamant minuscule vaut bien plus qu’un camion rempli de pierres. C’est pour cette raison que l’on travaille auprès de groupes et de petites communautés plutôt qu’auprès de grandes foules […] nous sommes seulement préoccupés par des petites communautés composées de gens qui savent qu’ils sont l’Église. C’est avec eux que nous entreprenons l’œuvre de répandre l’Évangile, de proclamer en parole et en oeuvre que Christ est venu nous libérer de la misère et l’oppression, qu’elle soit spirituelle ou matérielle. Travailler en petits groupes vaut beaucoup plus la peine. Une cuillère à café de sucre dissoute dans une petite tasse sucre le café : ainsi, l’Évangile agit au sein d’une petite communauté. Mais mettez la même cuillère à café de sucre dans un grand pot de café et le goût s’y perd. » (35)


Steve Atkerson


NOTES

1 David Watson, I Believe in the Church (Great Britain: Hodder & Stoughton, 1978), 121.2 Robert Banks, Paul’s Idea of Community (Massachusetts: Hendrickson Publishers), 90. 3 Watson, 117. 4 William Barclay, The Letters to the Corinthians, Revised Edition (Westminster Press, 1977), 135. 5 Ronald Sider, Rich Christians in an Age of Hunger (Illinois: Inter-Varsity Press, 1977), 190-191. 6 Robert & Julia Banks, The Church Comes Home (Massachusetts: Hendrickson Publishers, Inc., 1998), 84. 7 Pris dans un article non publié, “Services Versus Service.” 8 Dictionary of Biblical Imagery (India: OM-Authentic Books), 828. 9 Michael Green, Evangelism Now & Then (Illinois: InterVarsity Press, 1979), 103-104. 10 Paul mentionne le problème dans 1 Co 11:20-21 et donne finalement la solution dans les versets 33-34. 11 J. I. Packer and Merrill C. Tenney, Illustrated Manners and Customs of the Bible (Nashville: Thomas Nelson Publishers, 1980), 540-541. 12 Frank Viola, Pagan Christianity (Present Testimony Ministry, 2002), 99. 13 John Havlik, People Centered Evangelism (Nashville: Broadman Press, 1971), 47. 14 Robert Fitts, The Church in the House (Salem, OR: Preparing the Way Publishers, 2001), 18. 15 Ac 11:30; 15:2, 4, 6, 22, 23; 14:23; 20:17-28; Php 1:1; 1Th 5:12-13; 1Ti 4:14; 1Ti 5:17; Tit 1:5; Jam 5:14; 1Pe 5:1-3; Heb 13:7, 17, 24. 16 Gordon Fee, Gospel and Spirit (Massachusetts: Hendrickson Publishers, Inc., 1991), 139. 17 Robert Baker, A Summary of Christian History (Nashville, Tennessee: Broadman & Holman Publishers, 1994), 11. 18 Power Bible CD [CD-Rom] V4.5. Bronson: Online Publishing, 1999-2005. 19 Alex Rattray Hay, The New Testament Order for Church and Missionary (1947), 299. 20 Christian Liturgy, 53. 21 Fitts, 18. 22 Michael Green, Evangelism in the Early Church (1970), 207. 23 www.bibleleague.org/church/planting/china.php 24 Eternal Perspective Ministries, www.epm.org/articles/Chinesetorture.htm. 25 Howard Synder, The Community of the King (Illinois: Inter-Varsity Press, 1978), 122. 26 Wolfgang Simpson, Houses that Change the World (Chennai, India: Mission Educational Books, 1998), 142. 27 Ibid, 21-22. 28 www.choosethelife.com/041100_article.html 29 The Network for Strategic Missions, www.strategicnetwork.org/index.php?loc=kb&view=v&id=8614&fto=1269& 30 Ac 2:45; 4:32-37; 6:1-4; 9:36; 20:34-35; Ro 12:13; 1Co 16:1-3, 15; 2Co 8:1-5; 9:1-2, 7; Ga 2:6-10; 6:9-10; Php 7; Tit 3:8; Heb 6:10-11; Heb 13:2-3, 15-16; Jam 1:27; 2:15-17; 1Pe 4:9; 1Jn 3:16-18. 31 Earle E. Cairns, Christianity Through The Centuries (Grand Rapids: Zondervan Publishing House, 1996), 84. 32 Wheel Words, www.texaschapbookpress.com/wheelwords.htm. 33 John MacArthur, The MacArthur New Testament Commentary 1 Corinthians (Printed in India: 1984 by The Moody Bible Institute of Chicago), 451. 34 Bruce B. Baton, et al., Life Application Bible Commentary on Mark (Illinois: Tyndale House Publishers, Inc., 1994), 319. 35 David Prior, The Church in the Home (Great Britain: Marshall Morgan and Scott Marshall Pickering, 1983), 163-164.


QUESTIONS À DISCUTER

  1. Qu’est-ce qui démontre que l’absence de bâtiment d’église n’est pas un obstacle à une expansion rapide de l’église ?

  2. En quoi la structure, la taille et le système d’une église influencent-ils l’aspect réciproque (les uns les autres) du ministère ?

  3. En quoi la taille d’une congrégation influence-t-elle la façon que l’église se perçoit, soit comme une entreprise, soit comme une famille ? En quoi cela touche-t-il l’intimité et la responsabilité devant les autres ?

  4. Quel était le but principal des réunions de l’église du premier siècle ? En quoi cela diffère-t-il de la manière dont nous nous réunissons aujourd’hui ?

  5. Qu’est-ce que cela signifie d’être membre du corps de Christ ? Quelle est votre fonction dans l’église ?

  6. Pourquoi est-ce difficile de célébrer le Repas du Seigneur comme un repas familial dans une grande assemblée impersonnelle à la structure formelle ?

  7. Dans quelles circonstances et dans quel but l’église du premier siècle célébrait-elle le Repas du Seigneur ? Quelle différence pourra-t-on remarquer si nous le célébrons ainsi de nos jours ?

  8. En quoi les réunions dans les maisons simplifient-elles l’implantation d’églises ?

  9. Quels sont les avantages pour les églises-maison d’avoir des pasteurs à deux vocations ?

  10. Pourquoi pensez-vous que les responsables locaux avaient généralement deux vocations, tandis que les responsables itinérants étaient généralement soutenus par l’église ?

  11. Quels sont les avantages pour l’église-maison d’avoir quelques anciens à temps plein ?

  12. De quelle façon l’église met-elle à l’aise les non-croyants en s’assemblant dans des maisons ?

  13. Faites une liste de cinq avantages à faire l’église-maison dans les temps de persécution.

  14. Comment la croissance et la multiplication de l’église sont-elles favorisées dans une petite communauté comparativement à une plus grande ?

  15. Croyez-vous que la formation de disciples devrait être une responsabilité centrale de l’église ? Si oui, dans quel environnement et de quelles façons peut-on efficacement former des disciples ?

  16. Pourquoi les petites églises sont-elles le meilleur endroit pour la multiplication et la formation de responsables ?

  17. Comparez les objectifs des dons dans le Nouveau Testament avec les dépenses de l’église moderne. À votre avis, quels changements devrions-nous adopter en vue d’utiliser notre argent d’une façon biblique ?

  18. Pourquoi est-ce préférable de se préoccuper de la qualité plutôt que de la quantité ?

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